Le Tibet oriental, ou Kham, recouvre une réalité géographique, politique et culturelle éclatée. Composé d’un nombre variable de petits « royaumes » indépendants, traversé du nord au sud par quatre grands fleuves - le Yangzi (Dri en tibétain), le Yalong (Nya), le Mékong (Dza) et la Salouen (Ngül) -, son territoire est aujourd’hui essentiellement divisé entre les provinces chinoises limitrophes de la « Région autonome du Tibet ». A l’heure actuelle, six divisions administratives regroupent les anciens royaumes du Kham : dans la Région autonome du Tibet, la préfecture de Qamdo (Chab mdo); au Sichuan deux préfectures autonomes, Ganze (Garzê ou dKar mdzes) et, pour partie, Aba (Ngawa), qui regroupent la part la plus importante du territoire et de la population, ainsi qu’un canton de la préfecture de Liangshan, Muli (ou Mili), lequel constituait l’extrême avancée des royaumes tibétains ; les préfectures autonomes de Deqên dans le Yunnan (dont un comté, Zhongdian – Gyalthang - , a pris fièrement le nom de Shangri-la en 2001) et de Yushu dans le Qinghai...


J’ai moi-même abordé le Kham en découvrant combien les contreforts ouest de la préfecture Yi de Liangshan, laquelle a fait longtemps l’objet de mes recherches, avaient été en contact culturel et commercial incessant avec les voisins tibétains des Nuosu et des autres groupes ethniques qui la peuplent. La route de Muli à Litang (Li thang) a formé pour moi l’axe par lequel j’avais à passer des Nuosu aux Tibétains… Ce ne sont donc pas les études tibétaines qui m’ont conduit à m’intéresser au Kham mais un intérêt grandissant pour les continuités et dégradés qui composent le panorama ethnique de la Chine du sud-ouest.


Mili (Muli) était gouverné par un Lama incarné toujours choisi dans les familles dominantes, et comptait une population de Nuosu, Miao, Naxi et Bai – toutes populations de langues tibéto-birmanes, peu à peu introduites dans l’aire culturelle tibétaine (depuis au moins le quatorzième siècle pour les Naxi, dans la période moderne pour d’autres).


Sur une étendue particulièrement montagneuse, souvent coupée du monde extérieur durant la saison des pluies, Muli abritait trois grands temples tibétains. Fin juillet 2007, je me rends à l’un de ces temples, Kangwu (Kulu), et y découvre les ruines d’une imposante construction totalement brûlée durant la Révolution culturelle. Avant cette période, jusqu’à 550 moines y séjournaient. Dans les années quatre-vingt, a été construit à proximité un tout petit temple, où vivent aujourd’hui seize moines. En cet été, commence la deuxième année de la construction à neuf d’un grand temple. Des artisans tibétains venus de Daocheng logent sous la tente durant toute cette période ; le gros œuvre étant fait, c’est désormais au tour des sculpteurs puis des peintres d’entrer en action. Entrant dans la petite cour du temple provisoire, j’y rencontre avec bonheur le Lama incarné de Muli, venu inspecter les travaux. Il se trouve qu’il est le vice-président de la commission politique consultative de la préfecture de Liangshan. L’un des moines présents a étudié à Tagong ; et je sens la solidarité discrète mais fervente qui lie une communauté monastique tibétaine animé par la conviction d’être aux avant-postes d’une entreprise de reconstruction culturelle et religieuse. Cette reconstruction ira-t-elle au-delà de l’attraction touristique, refera-t-elle de Muli, dont l’atmosphère n’est guère religieuse, une terre bouddhique ? « Les jeunes ne veulent plus se faire moines ! » soupire au retour le chauffeur recruté pour la journée, un Mosuo de l’endroit.

康坞寺


木里活佛是大喇嘛,

坐在康坞寺树荫下,

送我糌粑和酥油茶。


我说以前木里喇嘛,

政权和名声都很大,

他微微一笑没说话。


文革时旧寺被烧毁,

现在大喇嘛有机会,

让康坞寺奕奕生辉。


重建寺庙必有规划,

智慧和资本都要花,

木里活佛负担真大。

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