Gerbe du corps tôt moissonné,

le geste y pétrit la parole

- Jésus, dont la sagesse folle

s’évide et lève au bois nouée.


Jarre des noces déversée

dans la coupe de la montagne

- Jésus, qui meurt au lieu du crâne,

de lie de fiel outr’abreuvé.


Seigneur silencieux, disloqué,

entends-tu monter nos kyrielles,

que perçois-tu de nos antiennes

indéfiniment répétées ?


Jésus, passant abandonné,

percé sur le pas de ta vigne,

que la béance en soit le signe :

de toi, qui peut nous séparer ?

Transhumance


Seigneur, qui fis migrer nos pères,

Dieu nomade au désert enfui,

Faut-il que les fils en leur nuit

T’apprennent de voix étrangère ?


Il vous est bon que je m’en aille.


Seigneur, qui chez nous frayas trace,

Dieu le tard venu tôt parti,

Sur l’avancée de tes récits,

Jusqu’où nous mènera ta grâce ?


Il vous est bon que je m’en aille.


Seigneur d’exil et transhumance,

Dieu passage aux flots du passé,

Qui fendit nos nuits désolées,

Est-ce là ta seule présence ?


Il vous est bon que je m’en aille.


Seigneur, dont nous savions la place,

Dieu retenu par les deux mains,

Parmi la mer fut ton chemin

Et nul n’en a connu la trace.

Using Format